Le storytelling est l’art de raconter des histoires. Il s’agit donc d’une base que doivent maitriser tous les auteurs. Car votre objectif est de captiver les lecteurs et maintenir leur intérêt, n’est-ce pas ? Le storytelling va vous aider à écrire un roman captivant, un vrai page-turner.
Trêve de bavardage ! C’est parti.
Comprendre les fondements du storytelling
Qu’est-ce que le storytelling en littérature ?
Le storytelling est une technique d’écriture pour structurer une histoire autour de personnages et de péripéties. En fait, il a toujours existé sans être défini exactement. Les histoires sont ancrées dans nos inconscients depuis que l’homme a dessiné les premières peintures rupestres sur les grottes. Cette pratique va permettre de créer un fil rouge pour guider les lecteurs où vous le souhaitez. Un récit bien raconté suscite l’émotion et permet aux lecteurs de vivre l’aventure intensément.
Les émotions vous rendent mémorables
Les émotions jouent un rôle fondamental dans notre capacité à mémoriser les événements. Elles imprègnent nos expériences d’une intensité particulière, les rendant plus significatives. Lorsque nous ressentons une forte émotion, qu’elle soit positive ou négative, notre focus se dirige instinctivement vers cet état émotionnel. Et elles sont étroitement liées à notre système limbique, la partie du cerveau responsable des émotions et de la mémoire.
Les émotions agissent également comme des marqueurs. Et vous devrez vous en servir pour graver vos personnages et votre histoire dans l’esprit des lecteurs.
De plus, les émotions confèrent une signification personnelle aux événements. Lorsque quelque chose nous touche émotionnellement, cela devient plus qu’une simple expérience. Cela devient une partie de notre identité, de notre vécu. Les souvenirs chargés émotionnellement sont souvent liés à notre perception de nous-mêmes, de nos valeurs et de nos relations, ce qui les rend profondément ancrés dans notre mémoire. Cela nous permet de revivre les souvenirs associés à cette émotion et de les renforcer davantage. C’est ce qu’on appelle la madeleine de Proust (le morceau de madeleine donné par une tante à son filleul) : déclencheur d’une impression de réminiscence, du rappel du souvenir.
Si je vous explique tout ça, c’est pour que vous compreniez l’importance de cette technique.
Des informations à forte valeur ajoutée
Lorsque vous écrirez votre roman, il est crucial de ne pas faire de l’écriture spaghetti. N’allez pas noircir des pages uniquement pour gonfler votre livre. Chaque information donne au lecteur doit être pertinente et servir une cause. Voici quelques types d’information à prendre en compte :
Pertinente
Elle est directement liée aux besoins, aux intérêts ou aux préoccupations des protagonistes. Qu’il s’agisse d’une description, d’une scène d’action ou d’un dialogue, ils doivent faire avancer l’aventure ou résoudre un problème, même mineur.
Utile
Elle offre une utilité réelle et tangible. Vous pouvez présenter des informations nécessaires pour permettre aux lecteurs de comprendre l’intrigue et votre univers.
Authentique
Elle est crédible, quelle que soit l’histoire. Les lecteurs doivent croire à votre récit pour y adhérer pleinement.
Originale
Elle présente un point de vue unique, une perspective nouvelle ou une information rarement connue. Cela attirera l’attention de vos lecteurs.
Engageante
Elle doit engager le lecteur émotionnellement et le forcer à se questionner, à prendre parti, à réagir. En fait, elle ne doit pas laisser indifférent.
Contextualisée
Elle est adaptée au moment. En écrivant ça, je pense à une scène dans Pirates des Caraïbes 3 qui m’a toujours dérangé. C’est lors de la bataille finale sur les mers lorsque Will demande Elisabeth en mariage. J’ai trouvé ça grotesque, car même s’ils craignaient leur fin proche, ça ne tient pas debout. Dans un récit fantastique, il faut faire d’autant plus attention à ces moments.
Lorsque j’affirme que tout le monde peut apprendre à écrire un roman, j’ajoute systématiquement une information pertinente : j’étais un très mauvais élève, particulièrement en français. Vous comprenez le principe ? Alors, adaptez-le à vos écrits.
Appliquer le storytelling à la création d’un roman
Poser le contexte
Marcel Proust (encore lui !) disait « Le seul véritable voyage, le seul bain de jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec les yeux d’un autre ». Tout romancier qui comprend le principe du point de vue est sur la voie du storytelling.
En posant le contexte, vous offrez à vos lecteurs une vision unique, la vôtre. Le travail du storyteller est de faire sortir le lecteur de sa bulle. L’atmosphère que vous insufflerez dès le début de votre histoire les mènera dans votre univers.
Commencez par une situation intrigante
Au début de votre récit, choisissez une scène ou une situation qui suscite la curiosité et l’intérêt des lecteurs. Cela peut être un problème, un conflit ou une question fascinante qui nécessite une réponse.
Utilisez des descriptions vivantes
Décrivez les personnages, les lieux et les événements de manière vivante et détaillée. Utilisez des mots qui évoquent des images et des émotions pour que vos lecteurs puissent se représenter facilement ce qui se passe.
Introduisez le protagoniste
Présentez votre personnage principal et donnez aux lecteurs un aperçu de qui il est et de ce qui le motive. Faites en sorte qu’ils puissent s’identifier ou se connecter émotionnellement au protagoniste dès le début.
Présentez le conflit
Identifiez le conflit central de votre histoire, qu’il s’agisse d’un défi personnel, d’un obstacle à surmonter ou d’un problème à résoudre. Cela crée un sentiment de tension et de suspense, incitant les lecteurs à continuer leur lecture pour découvrir comment le protagoniste fera face à ce défi.
Établissez le cadre temporel et spatial
Situez votre récit dans un cadre spécifique en précisant le lieu et le moment où il se déroule. Cela permet aux lecteurs de se sentir immergés dans l’histoire et de mieux comprendre les événements qui se déroulent.
Présenter vos personnages
Au théâtre, l’entrée des artistes est essentielle. Dans un roman, la première intervention des personnages est capitale. La première image, les premiers mots, le premier geste en diront long sur son caractère ou ses convictions. C’est à cet instant précis que vous devrez capter l’attention de vos clients. Si vous voulez en savoir plus, lisez mon article sur l’incipit, les premiers mots du roman.
Utilisez la suggestion pour un bon storytelling
Au lieu de fournir une simple description statique de votre héros ou héroïne, essayez de les présenter à travers leurs actions, leurs paroles et leurs interactions. Cela permet aux lecteurs de se faire leur propre opinion sur les personnages et de mieux les comprendre.
Utilisez des détails évocateurs
Lorsque vous décrivez un personnage, choisissez des détails spécifiques qui les rendent vivants et mémorables. C’est essentiel en storytelling. Pensez à leur apparence physique, à leur manière de s’habiller, à leurs expressions faciales ou à leurs particularités comportementales. Ces détails évocateurs aident à créer une image mentale claire des protagonistes dans l’esprit des lecteurs.
Révélez les motivations et les objectifs
Lors de l’introduction d’un personnage, faites allusion à ses motivations et à ses objectifs. Cela permet aux lecteurs de comprendre ce qui les motive et crée un intérêt pour leur évolution tout au long de l’histoire.
Utilisez des dialogues distinctifs
Les dialogues sont une excellente occasion de révéler la personnalité des personnages. Utilisez des styles de langage, des accents ou des expressions propres à chaque personnage pour les rendre uniques et mémorables.
Impliquez les sens
Essayez de décrire les personnages en utilisant des déclencheurs sensoriels. C’est une base en storytelling. Décrivez leur voix, leur parfum, leur manière de se déplacer, ou tout autre élément qui engage les sens des lecteurs et les aide à se sentir plus proches des personnages.
Introduisez les relations interpersonnelles
Lors de la présentation d’un personnage, envisagez de le mettre en relation avec d’autres personnages. Cela peut être à travers des interactions, des conversations ou des souvenirs partagés. Ces relations ajoutent de la profondeur et de la complexité aux personnages.
Définissez les enjeux
Quelles que soient les motivations de vos personnages, les enjeux présentés dans l’histoire devront être très clairs. Le storytelling est une technique narrative complexe qui fait voyager le lecteur. Il n’y a pas de place pour l’évasif ou l’à peu près.
Posez-vous la question de ce que veulent vos personnages : résoudre un problème, combler un manque, améliorer leur vie, sauver un proche, éviter des problèmes. J’aime assez cette dernière proposition. L’idée qu’un héros se lance malgré lui dans l’aventure justement parce qu’il veut éviter les problèmes est assez intéressante.
Les enjeux ne manquent pas. Ils sont la mission fixée à votre protagoniste.
Techniques de storytelling pour maintenir l’intérêt du lecteur
Utiliser la structure narrative pour maintenir le suspens
Pour captiver le lecteur, je vous invite à créer des moments clés. Il est vital d’offrir régulièrement des événements marquants, des questions et des réponses. Vous devrez préparer ces instants à l’avance lors de la rédaction de votre plan.
Ensuite, il est nécessaire de varier les scènes d’action et les moments de pause pour donner un rythme fluide au récit. Là encore, harmonisez ça dans votre plan.
Pour achever une bonne structure, offrez aux lecteurs des cliffhangers. Le storytelling adore cette technique. Terminez chaque chapitre avec des éléments de suspens pour inciter le lecteur à continuer. Il y a alors deux solutions :
- Les deux chapitres se suivent directement. J’entends par là qu’il s’agit d’une suite directe de l’action avec les mêmes personnages. Le lecteur veut savoir ce qui va arriver à vos protagonistes.
- Les chapitres ne se suivent pas. Le lecteur devra attendre quelques chapitres avant de connaître la suite de l’intrigue posée à la fin du chapitre. Vous laissez planer le mystère pour susciter l’intérêt. Ne trainez pas trop quand même ! 😁
La grille Ethos Pathos Lagos
J’ai prévu un article dédié sur le sujet, mais je vous en dévoile quelques bases. Cette technique est utilisée pour des talks sur scène et peut s’adapter à vos personnages. En fait, pour que vos protagonistes soient pris au sérieux, ils doivent valider un, deux ou les trois éléments de cette grille. C’st redoutable en storytelling.
Ethos
L’ethos se réfère à la crédibilité de la personne qui parle. Pour susciter l’engagement du lecteur à propos d’un sujet spécifique, il est essentiel que le personnage soit considéré comme fiable et crédible.
Pathos
Le pathos touche les émotions et les convictions profondes des lecteurs pour les impliquer dans le récit. Le pathos crée souvent l’impression que le lecteur a un lien personnel avec les informations présentées et agit souvent comme un déclencheur qui les pousse à adhérer à l’intrigue. Elle fait appel aux émotions et aux sentiments, aux biais et préjugés, au sens et aux motivations.
Logos
Le logos s’appuie sur la logique, le raisonnement, les preuves et les faits pour étayer un argument. Il fait appel à la part la plus rationnelle de l’esprit de l’audience et apporte un soutien solide au sujet discuté. Cette technique fait appel à la preuve, au témoignage ou aux vérités universelles. Les motivations du personnage doivent être logiques et compréhensibles.
Attention à valider un de ces 3 éléments pour vos personnages. Je suis certain que vous avez déjà lu un roman ou vu un film où un personnage n’était pas crédible et pourtant suivi ou écouté par les autres protagonistes. C’est ce moment dérangeant que je souhaite vous faire éviter.
Le voyage du héros
Cette technique que vous connaissez peut-être déjà a été formalisée par Christopher Vogler. Je fais faire très court :
- Monde ordinaire : le héros est présenté dans son quotidien, avant l’aventure.
- Appel de l’aventure : un défi ou une opportunité pousse le héros à quitter sa zone de confort.
- Refus de l’appel : le héros hésite, souvent par peur ou par doute.
- Rencontre avec le mentor : un guide ou mentor lui offre des conseils ou des objets magiques.
- Passage du seuil : le héros quitte le monde ordinaire pour entrer dans le monde spécial de l’aventure.
- Épreuves, alliés et ennemis : il fait face à des épreuves, rencontre des alliés et des ennemis.
- Approche de la caverne : le héros se rapproche du cœur de l’aventure, un lieu dangereux.
- Épreuve suprême : une confrontation majeure qui met à l’épreuve ses compétences et sa détermination.
- Récompense : après la victoire, le héros obtient une récompense ou un trésor.
- Chemin du retour : le héros commence à retourner vers le monde ordinaire.
- Résurrection : il fait face à une dernière épreuve qui le transforme profondément.
- Retour avec l’élixir : il rentre chez lui, transformé, et apporte quelque chose de bénéfique pour le monde.
De nombreux romans ont utilisé cette technique : Le Seigneur des anneaux, Le Hobbit, Hunger Games, Walter Mitty…N’hésitez donc pas à vous en inspirer.
Le storytelling est réellement puissant et je vous incite à prendre le temps de bien l’assimiler avant de vous lancer. En attendant, vous pouvez lire mon article 42 techniques efficaces pour écrire un livre.