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Romain Godest

Romancier

L’incipit : réussir les premiers mots de son roman

L’incipit - réussir les premiers mots de son roman
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Hello, Romain Godest

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On a rarement deux fois l’occasion de faire une bonne première impression. Lorsqu’un lecteur ou une lectrice parcourent les premières lignes de votre roman, ils veulent se couper immédiatement de leur quotidien. C’est là toute la force de l’incipit. Il doit captiver dès les premières lignes.

Voyons ensemble les mécanismes qui permettent de poser les bases de leur histoire et d’attirer le lecteur.

Comprendre le rôle fondamental de l’incipit

L’incipit : une promesse au lecteur

Un bon incipit introduit implicitement les thèmes, le ton et le style du roman. Le lecteur doit comprendre dès les premiers instants où il se trouve. Tout le monde veut savoir où il met les pieds. C’est pareil pour votre livre.

Rappelez-vous de ce début fracassant de L’étranger d’Albert Camus : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : Mère décédée. » C’est diablement efficace et ça a inspiré de nombreux auteurs au fil des années. La lecture est clairement orientée et le célèbre romancier ne nous ment pas. Le protagoniste a une certaine indifférence et je vous avoue que c’est ce que j’ai aussi vécu en lisant le livre. Désolé pour les fans, mais je me suis ennuyé avec ce roman.

Alors l’incipit, ce n’est pas seulement les premières lignes. Ça va un peu plus loin que ça. L’objectif est donc de piquer la curiosité des lecteurs sans trop révéler l’intrigue. C’est jouer avec l’équilibre entre intriguer et clarifier la situation. L’exercice est très difficile.

Installer l’univers et les personnages en douceur

Que devez-vous faire alors ? Offrir une immersion à vos lecteurs en les plongeant dans le décor très rapidement. Vous devez comprendre l’importance de poser un cadre bien défini. Et il doit être spatial, temporel et émotionnel. Au fil des lignes, il pourra introduire les personnages : protagoniste ou antagoniste. À vous de choisir qui va donner le ton. Ce qui compte, c’est l’importance de l’empathie ou de la curiosité pour le personnage que vous mettrez à l’honneur.

Pour vous permettre d’y voir plus clair, voici quelques incipits de roman célèbres :

Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l’Anneau de J.R.R. Tolkien : « Lorsque M. Bilbo Baggins de Cul-de-Sac annonça qu’il donnerait une réception à l’occasion de son onzième premier anniversaire, avec invités nombreux et cadeaux nombreux, la nouvelle se répandit dans toute la Comté. »

Orgueil et Préjugés de Jane Austen : « Il est universellement reconnu qu’un homme seul en possession d’une grande fortune doit être en quête d’une épouse. »

Da Vinci Code de Dan Brown : « Le conservateur en chef du musée du Louvre avançait à grands pas dans la galerie déserte du Grand Galerie. »

Le Nom de la Rose d’Umberto Eco : « Il est seulement juste que je commence par dire que je m’appelle Adso de Melk, et que je suis le dernier des moines de mon monastère. »

Les différents types d’incipits : choisir le style qui vous correspond

écrire un incipit de roman

L’incipit in media res : plonger directement dans l’action

Oui, alors je me la joue alors que je ne parle même pas le latin. Mais c’est toujours un peu classe de placer des mots en latin. 😁

Je traduis : commencez en plein coeur de l’action. C’est ainsi que vous pourrez captiver votre assemblée d’emblée. Ce démarrage en trombe a pour avantage d’immerger le lecteur directement dans l’action de votre récit. Il ne s’agit pas forcément d’une scène de combat ou d’une confrontation entre deux personnages. L’action est un plongeon dans l’aventure, un saut dans l’inconnu pour découvrir votre univers.

Faites toutefois attention à ne pas vous emballer avec des descriptions trop longues et trop détaillées. Veillez également à gérer les informations progressivement. Le lecteur doit deviner certains éléments (que vous aurez soigneusement choisis) dès le début. Ainsi, il sent venir l’intrigue rapidement. Ou il croit qu’il sait ! Car votre rôle est de distiller le contenu.

L’incipit statique : poser le cadre avant l’action

Cette fois-ci, vous allez changer votre fusil d’épaule. Oubliez l’action et optez pour la psychologie.

Décrivez le décor, les personnages ou les réflexions intérieures avant de dévoiler l’intrigue. J.R. Tolkien a opté pour cet incipit en nous plongeant en plein coeur de la Comté. Il nous décrit son univers avec justesse et nous plonge dans un monde fantastique. Cet angle est plus délicat à gérer, car le risque est d’ennuyer le lecteur. Tout le monde n’est pas Tolkien.

Cette lente immersion est très efficace lorsque votre monde joue un rôle à part entière dans votre récit. Il faut vous assurer de la pertinence d’une introduction posée. Pour un roman contemplatif ou psychologique, foncez !

Pour éviter de perdre le lecteur, utilisez des descriptions évocatrices et engageantes qui montrent les émotions ou les événements à travers des actions ou des dialogues, plutôt que de les expliquer directement. Utilisez donc la suggestion. Je vous invite également à introduire rapidement un conflit ou l’idée d’une tension.

Les techniques pour capter l’attention dès les premières lignes

Utiliser une phrase d’ouverture percutante

Nous l’avons vu avec L’étranger, l’incipit peut être une phrase d’accroche. Moby Dick avec son « appelez-moi Ismaël » donne également le ton. Le fameux capitaine Achab est centré sur lui-même.

Pour votre phrase, vous pouvez opter pour un incipit mystérieux, percutant, humoristique ou poétique. Et vous démarquer avec une voix unique. L’importance de la voix narrative doit se sentir dès les premières lignes. C’est là que vous révélerez votre style personnel.

Éviter les pièges de l’incipit

Il y a bien évidemment des pièges à éviter.

Si l’histoire commence par une description excessive du cadre, du contexte ou de l’apparence des personnages, cela peut ralentir le rythme et rendre l’entrée en matière laborieuse. Le lecteur n’est pas encore attaché à l’univers ou aux personnages, donc une lente exposition peut l’ennuyer avant même d’avoir compris l’intrigue.

N’allez pas ouvrir un roman avec des situations trop conventionnelles ou déjà vues. Cela peut donner une impression de manque d’originalité. Par exemple, « Le réveil sonna, et elle se leva en bâillant » ou « C’était une nuit sombre et orageuse » sont des formules qui, bien que parfois efficaces, sont souvent usées et ne surprennent plus.

Lancer le lecteur dans des réflexions philosophiques ou métaphysiques trop complexes dès le début sans lui offrir d’ancrage narratif concret peut le perdre. Un incipit doit d’abord intriguer ou captiver, avant de plonger dans des considérations abstraites.

Soignez les premières pages : aller au-delà de la première phrase

Construire une montée en puissance narrative

J’aime bien dire qu’écrire un livre est un marathon. Ce n’est pas très original, mais ça a le mérite d’être clair. Il faut donc établir un rythme cohérent juste après l’incipit. Dans votre premier chapitre, vous devrez doser les révélations, mais en donner suffisamment au lecteur pour qu’il veuille continuer aussitôt.

Pour ça, vous devrez présenter certains points-clés :

  • Introduire le protagoniste OU l’antagoniste. Il est difficile de présenter les deux d’emblée.
  • Poser le contexte temporel et spatial
  • Dévoiler un début d’intrigue ou instaurer le mystère.

Réviser et peaufiner : l’importance de la réécriture

Vous aurez certainement à réécrire votre premier chapitre. Peut-être même plusieurs fois ! Je vous jette donc les conseils en vrac :

  • Prenez du recul – l’écriture initiale est souvent instinctive. On se laisse porter par l’excitation.
  • Clarifiez l’intention – les premières pages doivent répondre à plusieurs objectifs : présenter l’univers, introduire le ton et poser les bases du conflit. En relisant votre incipit, vous pourrez mieux définir ce que vous voulez dire et comment le dire de façon à intriguer le lecteur sans l’embrouiller.
  • Ajustez le rythme – peut-être que certaines phrases sont trop longues ou que des informations sont introduites trop tôt.
  • Testez la clarté – relisez en vous posant la question suivante : « Un lecteur qui découvre cette histoire pour la première fois comprendrait-il facilement ce qui se passe ? » Si certaines informations restent trop vagues ou confuses, cela peut indiquer qu’il faut ajouter quelques précisions sans surcharger le texte.
  • Éliminez les répétitions – les informations redondantes sont l’un des premiers éléments à supprimer pour alléger un texte. Parfois, une idée est exprimée deux fois, de manière différente, dans la même phrase ou paragraphe.
  • Coupez les adverbes et adjectifs excessifs – souvent, un verbe fort et précis vaut mieux que plusieurs adjectifs ou adverbes. Par exemple, au lieu de dire « elle courait rapidement », dites simplement « elle sprintait ».

Pour illustrer tout ça, voici comment on peut affiner un passage :

Version longue :
« Dans une petite ville entourée de montagnes, où les rivières coulaient paisiblement et les forêts s’étendaient à perte de vue, vivait un homme solitaire nommé Decklan. Cet homme, à la barbe grisonnante et aux mains rugueuses, avait passé sa vie à travailler dur dans les champs, sans jamais se marier ni fonder de famille. Ses journées étaient longues et ennuyeuses, rythmées uniquement par le bruit du vent dans les arbres. »

Version concise :
« Dans sa ville nichée entre montagnes et forêts, Decklan, barbu et solitaire, passait ses jours à labourer, sans autre compagnie que le vent. »

Dans cette version concise, l’essentiel est conservé.

Vous l’aurez compris, l’incipit est un exercice à part entière dans l’écriture de votre roman. Il va bien au-delà des chapitres que vous écrirez tout au long de l’aventure.

Et si vous en êtes seulement au début de votre roman, je vous invite à lire mon article 42 techniques pour écrire un livre.

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